Réflexions sur l'amour et la mort

Le prix de la jeune critique au festival de Locarno en 1964, un grand prix au festival d'Hyères en 1969, le prix Jean Vigo 1973, des courts-métrages obscurs, des longs métrages non moins obscurs, puis, une sélection de l'Association du cinéma d'art et d'essai pour le festival de Cannes 1975 avec Le Jardin qui bascule.
La carrière de Guy Gilles a traversé depuis près de vingt ans, les courants du cinéma français, les bouleversements de la télévision et les modes. Elle est suivie par des fidèles, spectateurs anonymes ou grands " noms " du cinéma - Jeanne Moreau, Annie Girardot - ou enfin, par des jeunes acteurs comme Philippe Chemin et Patrick Jouané venus hier accompagner le metteur en scène à Lyon. Ils présentaient Le Jardin qui, bascule, un film qui a demandé deux ans et demi de travail et de préparation. Guy Gilles avoue n'avoir aucune formation classique ; il n'a été l'assistant de personne, et quand il lui arrive de travailler en collaboration - avec François Reichenbach en 1962 -, c'est en seconde équipe, en solitaire. Tout l'intéresse au cinéma; il a écrit le scénario du Jardin qui bascule, il a fait du montage, et, à l'occasion, il joue, ou il peint. A l'affiche du Jardin qui bascule, on lit le nom de Delphine Seyrig et celui de Jeanne Moreau (qui a écrit une très belle chanson pour le film " Pour Toi "). Elles ont participé à l'élaboration de film à qui elles apportent une tendresse et un charme qui tempèrent l'ambiguïté dangereuse des personnages masculins du film: Samy Frey, Philippe Chemin et Patrick Jouané. " Mon film est une réflexion sur la mort, disait hier Guy Gilles. Je veux montrer comment le peut faire valoir l'amour, comment de très jeunes gens, encore proches de l'enfance, peuvent basculer entre leur métier de tueur à gages, leur mission meurtrière et trois semaines de vacances à la campagne...
Pour raconter ce voyage entre l'amour et le mort, Guy Gilles a choisi de supprimer le plus de dialogues possibles, de faire parler les images et les objets, il use de son direct et d'une musique soigneusement composée et montée.
Logique dans son originalité, Guy Gilles poursuit sa carrière avec une comédie qu'il est en train d'écrire, " La Femme rêvée ", " surtout pas une comédie à le française ", sourit Guy Gilles mi-indigné, mi-méprisant. Il cite Franck Capra et pense à Annie Girardot et Patrick Jouané. On pourra d'ailleurs le voir dans trois semaines à Lyon aux côtés de Nathalie Delon dans Absences répétées que Guy Gilles a réalisé en 1972.

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Guy Gilles : Après Le jardin qui bascule, une comédie à la Frank Capra.

Très favorablement accuilli à Cannes, Le Jardin qui bascule est présenté à Lyon depuis hier au cinéma " Duo ". Et Guy Gilles, l'auteur et réalisateur, est venu nous en dire quelques mots, accompagné de deux de ses acteurs, Patrick Jouané et Philippe Chemin. De lui, nous ne connaissons que peu de choses, puisque ses longs métrages, pourtant primés au Festival de Locarno et, à Hyères, sont passés quasiment inaperçus et que Absences répétées a, tourné en 1972 et qui a reçu le prix Jean Vigo ne sera programmé qu'a partir du 24 juin, au " Canut ".
Le sujet du Jardin qui bascule lui a été inspiré par une comédienne qui joue dans le film mais dont il ne veut pas dire le nom... C'est une histoire un peu languissante, mais qui ne manque pas de charme, bien qu'elle s'achève tragiquement. Un charme auquel Delphine Seyrig n'est pas étrangère. Elle a sans doute mis beaucoup d'elle-même dans ce personnage. Guy Gilles, en tous cas, est fidèle à ses interprètes, puisqu'on retrouve ici encore Patrick Jouané et Philippe Chemin qui seront également de son prochain film : une comédie à la Frank Capra, avec Annie Girardot, "La femme rêvée ". Un film qu'il avait envie de faire depuis longtemps.