Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "

Jacques Siclier

Critiques

Synopsis

Jeanne et Jean sont à la fin d'un amour qui, malgré leur passion et leur jeunesse, a débouché sur une impasse. A les regarder pourtant, tout les assemble : même regard clair, même générosité, dans le sourire, dans la voix. La beauté étrange de Jean ne laisse pas paraître son appartenance à un milieu précis que, de toute façon, les années et maison de correction, se seraient chargées de gommer.
Jeanne est une jeune fille simple et naturelle. La première chose qu'on voit d'elle, c'est son visage sans fard et presque enfantin.
Jeanne est triste et lasse. Jean lui annonce qu'il va partir, pour de bon cette fois-ci, sans dire où. Ils ne se verront plus jamais.
Il part et meurt, quelques mois plus tard, dans des circonstances obscures : on retrouve son corps dans le jardin d'un pavillon de la banlieue de Lyon. Jeanne n'apprendra jamais sa mort.

C'est à travers ses souvenirs que nous allons revivre des moments de leur histoire : leur vie commune dans leur studio, leurs promenades dans les rues, les vacances à Aix-en-Provence chez un ami peintre, leurs conversations partout, et le récit par Jean de son enfance : la maison de correction, les fuites, la prison, la vie avec les beatniks, le froid, la peur, la solitude.
Au pire de son désespoir, Jeanne tombe malade et c'est avec la fièvre qu'elle retourne comme une somnambule dans les endroits qui l'avaient vue heureuse avec Jean, au " Pan Coupé " surtout où ils se retrouvaient et où elle le vit pour la dernière fois. Jeanne doit s'aliter. Mais c'est la fin de sa maladie, la victoire de la raison sur la folie, de l'espoir.
Jeanne a un ami, Pierre, qui l'aime sans le lui dire, bien qu'elle s'en doute : elle feint pourtant de l'ignorer, afin de conserver le confident précieux; c'est Pierre, en l'écoutant, qui lui permettra d'exorciser la mémoire de Jean. Au sortir de cette épreuve, Jeanne comprend aussi que ce qu'elle a connu avec Jean n'est pas le bonheur, mais l'impossibilité du bonheur, et que, si elle n'oubliera jamais cet " enfant fugueur ", comme disait le juge, si elle a souffert pour lui, elle est destinée, elle, aux bonheurs de ce monde.

Source : L'Avant-Scène n°81, mai 1968