Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "

Jacques Siclier

Critiques

L’adolescence en quête d'identité

Par Brigitte Baudin

L’adolescence à la recherche de son identité, la fuite du temps, les amours impossibles, la femme de quarante ans au sommet de sa beauté et pourtant déjà sur le déclin… Des poèmes qui reviennent en leitmotiv dans les films de Guy Gilles. Crime d’amour, présenté le 16 à Cannes dans le cadre de Perspectives du cinéma, n’échappe pas à cette règle puisqu’il conte l’histoire d’un adolescent qui s’accuse d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Celui de Jeanne, une chanteuse quadragénaire qu’il aime. Paranoïa de la jeunesse en quête d’existence, d’affirmation de soi. Don du sacrifice extrême. Folie où réalités et fantasmes, se mêlent et se confondent…
« J’ai mis deux ans à écrire Crime d’amour, explique Guy gilles, c’est un film sur le double, les apparences, l’ombre et la lumière. Jean Doit, le héros de mon film se trouve ainsi confronté à deux sœurs jumelles. L’une, Jeanne, qu’il aime et dont il revendique l’assassinat, l’autre, Odette à la personnalité diamétralement opposée. La preuve par neuf qu’au-delà des apparences, la seule chose importante qui compte chez un être se trouve à l’intérieur. Bien qu’ayant le même visage Jeanne et Odette n’appréhendent pas la vie de la même façon. Crime d’amour veut encore montrer la confusion sexuelle qui peut exister chez certains adolescents. Aujourd’hui surtout, où la permissivité est extrême, où les tabous, garde-fous de notre morale sont piétinés. Dans ce film, je m’attaque encore à la création artistique. Chaque créateur est un monstre, un dévoreur. Jean Doit le prouve, puisqu’à partir de faits vécus et rêvés, il va jusqu’au bout de lui-même. Si, jugé coupable par la société, il meurt, son sacrifice sera total au nom du rêve et de l’absolu. Si, au contraire, on l’absout, « Noir et bleu », le récit de son aventure passera à la postérité. Un livre qui naît en même temps que son délire, car Jean veut exister, sortir de l’ombre, vivre intensément, en captant l’attention de la presse, de la police, du monde. Un jeu dangereux dont il ne maîtrise plus les règles et qui le conduit à la folie.
« Ma quête à moi, reprend Guy Gilles, comprendre par le biais de l’image et des sons, la complexité du comportement humain et d’approcher le plus possible de la vérité. »
Fidèle aux thèmes qui le hantent, Guy Gilles partira en octobre pour la Sicile où il tournera pour FR3, Le Chien bleu, d’après un scénario de Tony Noguera, le scénariste de Fellini, sur les amours contrariées d’un barbier sicilien (Jacques Villeret) et d’un chien. Retour ensuite au cinéma avec Trottoirs, l’histoire d’amour encore impossible entre un homme de trente ans et une prostituée.