Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" De la place de l'Europe partaient encore d'autres rues qui promettaient des voyages. On pouvait faire le tour du monde avec le nom de tous ces pays et de toutes ces villes. Souvent, des promeneurs désœuvrés s'arrêtaient à la grille qui donnait sur la voie ferrée. Un enfant rêveur comptait les trains qui passent. "

 

Guy Gilles, extrait de L'été recule, roman (inédit).

Scénario (extraits)

Commentaire off, au début du film, dit par Guy Gilles

"Venise, février 1971. Patrick se profilant dans les arcades de la place Saint Marc. Les trois derniers jours de tournage de notre film sur Marcel Proust. Depuis le premier jour de tournage, le 12 octobre 1967, il nous a promené sur beaucoup de lieux que Proust aimait et qui l’ont inspiré, de Cabourg sous la pluie à Illiers en fleurs. Pourquoi Venise aujourd’hui ? Venise parce que nom de ville, nom de rêve, la cité flottante traverse l’œuvre de Proust justement comme un rêve".

Cartons : SOIF DE VENISE. PROJET DE DEPART A VENISE. LA PRESENCE D’ALBERTINE M’EMPECHE D’ALLER A VENISE.
"Souhaité, souvent remis, impossible à atteindre puis enfin atteint."
Carton : SEJOUR A VENISE

"Comme Proust faisait sortir de la tasse de thé de la madeleine le village de son enfance, tout Combray, ses habitants, le clocher de l’église, nous allons faire sortir de Venise les lieux et les visages dans lesquels nous avons cherché un parfum proustien. Avec ce film il ne s’agissait pas de fêter le centenaire de celui qu’on ne peut s’empêcher d’appeler, par tendresse, dès qu’on l’a lu, le petit Marcel. En filmant, nous avons seulement essayé de nous dire Proust aurait aimé ce sourire, ce geste, cet envol de pigeons. Comme il s’agit d’images, nous allons nous empresser de nous taire et nous allons remplacer le narrateur par un visiteur, fil tendu d’un lieu à l’autre, d’un personnage à l’autre.
Ce film, nous n’aurions jamais eu le courage de le commencer sans la collaboration de ce très jeune homme de 90 ans, monsieur Pierre Larcher, le fils du notaire d’Illiers, qui a sauvé la maison de vacances du petit Marcel de la pioche des démolisseurs. Ce film enfin, nous ne l’aurions jamais continué sans l’aide de la fidèle Céleste Albaret, qui a vécu près de l’écrivain chaque jour des dix dernières années, et qui l’a vu mourir."

Voix d'Emmanuelle Riva :
« La réalité que j’avais connue n’existait plus. Les lieux que nous avons connu n’appartiennent pas qu’au monde de l’espace où nous les situons pour plus de facilité. Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant et les maisons, les routes, les avenues sont fugitives hélas, comme les années ».