Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" Il faut apprendre à renoncer.
Mais, j’ai compris, vivre ce n’est pas se souvenir d’une ville, d’un instant, d’un visage, même si c’étaient les plus beaux du monde.
Pour continuer, il faut apprendre à oublier. "

 

Soleil Eteint

Cinéastes

Le cinéma de Guy Gilles est si particulier et si méconnu qu’on a du mal à le situer dans l’histoire du cinéma. Il prend pourtant sa source dans deux des principaux courants des années 60 et 70. Il y a d’une part l’héritage de la Nouvelle Vague, sensible dans les tout premiers courts-métrages (Soleil éteint, Au biseau des baisers). Déambulations amoureuses dans les rues, caméra épaule et interprètes amateurs, saisies sur le vif de moments anodins, tout cela renvoie immanquablement aux premiers films de Truffaut, Godard et consorts. Avec le premier, Guy a en commun le producteur de certains courts-métrages (Pierre Braunberger). Avec le second, une sensibilité formelle, typique de l’époque, pour un montage très découpé, entre pop art et yé-yé (à-plats de couleurs vives, désynchronisations, brusques envolées musicales). Enfin, deux compagnons de route de la Nouvelle Vague, vont croiser celle de Guy Gilles : Jacques Demy et Agnès Varda.

Guy Gilles avec Jacques Demy

Guy Gilles fut l'assistant de Demy sur La luxure, sketch extrait des Sept péchés capitaux (1962). De plus son premier long métrage, L'amour à la mer, subit directement l'influence des premiers films de Demy : le personnage principal est très proche de Lola (et l'actrice qui l'interprète est dirigée à la manière d'Anouk Aimée dans le même film), elle est amoureuse d'un marin avec lequel elle correspond par lettres, au rythme des saisons (ce qui n'est pas sans rappeler Les parapluies de Cherbourg), Lili Bontemps y chante dans un cabaret, etc.
Enfin, c'est avec Agnès Varda que Guy Gilles entreprend en 1975 Choses vues : la vie filmée, dont elle signe et dit le commentaire.

La seconde "famille" de laquelle on pourrait rapprocher le cinéma de Guy Gilles, tourne autour d'un seul nom : Bresson. Comme beaucoup de cinéastes des années 70, Guy Gilles reprend à son compte une certaine façon de diriger les acteurs (même si ce sont des vedettes) comme des "modèles" (Bresson est d'ailleurs le seul réalisateur avec lequel Jouané tournera en dehors de Guy Gilles), un sens du découpage spacial qui privilégie la partie sur le tout et l'ellipse sur le récit, et préfère la stylisation du réel plutôt que sa captation naturaliste. On pourrait citer les démarches de Gérard Blain (pour le compte duquel J.P. Stora, le compositeur attitré de Guy Gilles, a travaillé à plusieurs reprises) ; de Paul Vecchiali (deux de ses interprètes, Jacques Nolot et Jean-Christophe Bouvet, sont au générique d'Un garçon de France). Certains films font aussi penser, par leurs thèmes ou leurs manières à Jean-Claude Guiguet et Jean Eustache.